#4/ La plage
Nous arrivâmes à la plage de La Ciotat non sans nous faire remarquer, du fait que Sachenka parlait fort comme si elle était au téléphone, et de sa tenue du jour très excentrique.
Sachenka mettait des spartiates à hauts talons en bois, de sorte que même si tu étais aveugle, tu
l 'entendais arriver.
Nous primes place tout au bord de l' eau, vu qu’il était tôt, peu de monde était arrivé.
Sachenka entrepris alors de se rouler une cigarette " médicale" comme elle aimait à le dire, et dont l 'odeur cependant ne trompait guère sur sa contenance.
Je la regardais effriter sa boulette sortie d 'un papier d' aluminium tout fripé tant il servit à la " soigner", et mélanger le tout avec du vieux tabac, dont la provenance était inconnue. En effet Sachenka récupérait les mégots du cendrier de sa salle d 'attente, et en réutilisait le contenu pour faire disait elle" quelques économies".
Sachenka souffrait d 'une avarice notoire, alors que ses comptes bancaires étaient aussi blindés que les salles remplies d 'écus de Picsou! ! Elle ne savait pas prêter un euro, mais pouvait te donner un cadeau d' un million, ce que je n 'ai jamais compris du reste.
Peu de temps après notre arrivée, des couples de"vieux", comme Sachenka se complaisait à les nommer malgré leur age similaire au sien, arrivèrent aussi.
A notre gauche, deux mamies épiloguaient sur leurs petits fils, debout sur leurs serviettes, manquant à chaque seconde de s 'asseoir enfin, mais relancées par les confidences croustillantes de chacune sur Alibert pour l 'une et Joseph pour l 'autre . Je me disais en moi-même, que les pauvres étaient habillés pour l' hiver avec de telles grands mères!.
Quand soudain Sachenka qui les écoutait aussi, elle me regarda et fut prise d ‘un fou rire frénétique et communicatif, auquel je ne résistai pas très longtemps. Nous riions à cœur joie, et plus nous nous retenions en entendant les absurdités qu ‘elles se disaient, plus notre fou rire empirait..
C ‘était atroce.
Je baignais aussi dans les vapeurs chaudes du joint de Sachenka ce qui semblait me rendre très euphorique.
La grand mère d 'Alibert, semblait ne pas comprendre comment son petit fils vivait, car disait- elle :"Tu te rends compte , il n 'a pas de tv???" " Mais comment il fait"??"
La vie de cette bonne femme semblait rythmée par son addiction à la tv, et elle ne semblait pas concevoir qu’il en fut autrement.
Elle rajouta:" Tu te rends compte Annie, qu 'est ce qu’il va devenir? ? Il n 'a pas de tv, mais il est toute la journée sur son ordinateur! ! mais qu 'est ce que c’est que ça? ? je ne comprends pas sa mère qui laisse faire! ! »
Et l 'autre qui faisait preuve d 'une empathie toute aussi effroyable écoutant son amie se plaindre, et lui rajoutant des " Oh ben oui dis donc, oh ben ça alors"... Oh ben oui dis donc, oh ben ça alors..."
Comme Sachenka et moi , nous n' en pouvions plus de rire, nous décidâmes de rentrer dans l 'eau, histoire de nous calmer, car nous étions proches d' une fuite urinaire intempestive.
Sachenka souffrait d une descente d 'organes, et des qu 'elle riait trop, ses sphincters avaient pour habitude de lui faire défaut, ce qui fait qu 'elle portait toujours dans son sac, une tenue de rechange. LOL
Mais arrivées dans l’ eau, la mamie fit encore une réflexion absurde, qui ne nous échappa pas,et Sachenka commença à se pisser dessus, m ‘attirant vers le large, car l ‘eau devenait soudainement chaude,mais moi je riais tellement, que je manquai de me noyer plusieurs fois, bien que j ‘eu pied .
La mamie ajouta qu ‘elle eut espéré comme il y avait eu de l’ orage la veille, que la foudre tomba sur l ‘ordinateur du jeune et l ‘oblige à se rabattre sur l’achat d ‘une télévision.!!! ! LOL
J ‘ignore comment dans son cerveau elle arrivait à une telle logique de déduction, mais cette réflexion, de trop nous mit dans un état de transe hystérique qui faillit nous tuer.
En effet Sachenka ne savait pas nager, et tentait comme elle le pouvait de me sauver d 'une noyade certaine tant j 'avalais de l 'eau de mer en riant, coulant à intervalles réguliers, je lui sommai alors de cesser de rire et de me ramener.
Sachenka qui savait quand même être sérieuse quand il le fallait, cessa sur le champ ses ricanements de hyène, et je pus enfin reprendre mon souffle.
Sortant de l’ eau en toussant, je priai pour que les vieilles se turent et en effet, elles partirent se baigner....J ‘espérais qu ‘elles ne reviennent jamais, tout du moins tant que nous étions là, car j ‘avais trop peur d entendre d ‘autres bêtises hilarantes.
Avec Sachenka nous étions enfin soulagées de cesser de rire et nous avons enfin pu bronzer en silence....... jusqu’à ce qu’une sorte d' Aldo Maccione des plages ne commence à faire son numéro, espérant se faire remarquer de Sachenka.....
Il passa une première fois dans un sens, puis une deuxième, puis une troisième tout en regardant vers nous de temps en temps.
Je le voyais derrière mes lunettes de soleil, et du fait de l ‘inclinaison de mon cou.
J ‘entrepris alors de décrire à Sachenka ce qu’il faisait.
Le bel âtre certainement peu habitué à une telle résistance, redoublait d’ efforts quitte à friser le ridicule, en marchant cette fois bruyamment dans l eau.
Il lança dans notre direction » Alors mesdames on fait bronzette ? »
Et je sentis que Sachenka ,dont le bras était contre le mien,se crispa pour se retenir de rire encore.
Notre ventre était rempli de secousses frénétiques, tentant sans succès de maitriser ce qui ne l’était pas.
Le gars qui s ‘aperçut de nos rires, pris ça comme un encouragement à continuer son approche.
Sachenka appelait ce genre de type : »Les vieux beaux » pour nommer les types, dont la beauté était en fin de carrière, mais qui s ‘employaient à toujours y croire.
Sachenka dont le célibat choisi ne supportait aucune intrusion masculine qu ‘elle n ‘eut pas autorisée d’ elle même, commença à persifler entre ses dents.
J ‘entendais les pics castrateurs qu ‘elle lui lançait à voix basse, se foutant ostensiblement de sa tete, je n ‘en pouvais plus de rire, que j ‘en pleurais.
Il lançait des phrases bidons dans sa direction car il semblait amateur de grandes blondes, et elle disait » Mais oui ma couille c ‘est ça » sans qu’il ne puisse l’ entendre.
Il sortit de l ‘eau et se rapprocha avec sa serviette.Je crois que Sachenka attendait ce moment avec impatience… pour lui assener le coup de grâce, maso qu’il était d ‘insister si lourdement sans succès.
Comme il s ‘adressa à elle sans tenir compte des signaux non verbaux tous au feu rouge qu’elle lui envoyait,, elle entreprit de lui parler en russe, dont elle me fit la traduction juste après.
« tu sais que t ‘es vraiment moche toi ? »
« Alors on a perdu ses bouboules ? Vous les cherchez dans l ‘eau ? »
« Faut cesser de manger de l ‘ail, vous puez vous savez ? »
La seule chose qu’il sembla comprendre fut ure répétition de » Niet niet niet » quand il chercha le contact avec sa main.
Je la regardais faire, et vu la tête qu’elle faisait, il comprit vite qu’il se prenait un râteau magistral.
Il repartit la queue basse LOL
Puis peu de temps après Sachenka reçut un appel d ‘une patiente, Madame Zguegue qui réclamait un rv inter séances.
Elle me dit que c ‘était là une occasion supplémentaire de se faire de la tune pour ses extras.
Elle lui donna donc rv.
Nous avons du donc repartir riant de nos mésaventures.
Sachenka pour revenir à ses « extras » collectionnait les combinaisons Cat Woman en latex de toutes les couleurs.Sa dernière acquisition qui lui coutait une fortune, était une combinaison assortie d ‘une queue animée.Quand elle la mettait me disait elle, elle ressemblait à un chat énervé.
Elle les portait pour chaque Halloween.....